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24 novembre 2011 à 11:12

Guadeloupe. Le Gwo Ka au patrimoine culturel de l’humanité : perdition ou partage ?





Guadeloupe. Le Gwo Ka au patrimoine culturel de l’humanité : perdition ou partage ?
Pointe à Pitre. Mardi 6 décembre 2011. CCN. Depuis qu’à l’initiative du Centre Repriz, la question de l’inscription du Gwo Ka au patrimoine immatériel de l’humanité par le biais de l’Unesco, est posée, la bataille fait rage entre pro et anti. Les adversaires de cette inscription, se sont constitués » Kolektif pou Gwo ka (cf. CCN du 11 octobre) et multiplient les prises de positions. Selon nos informations, il est même question du dépôt d’un « contre dossier auprès des instances de l’UNESCO. Florabelle Spielmann, ethnomusicologue, doctorante en anthropologie sociale, a assisté ou participé à de nombreux débats et a relevé de nombreuses incompréhensions sur les enjeux de cette inscription. Elle a soumis le texte ci dessous a CCN. Mais auparavant, il convient de signaler qu’elle a travaillé à Paris pendant 3 ans à la Maison des Cultures du Monde en tant que programmatrice pour le Festival de l'imaginaire, qui est dédié à la présentation des formes du patrimoine culturel immatériel du monde. Elle été aussi chargée de mener des missions de prospection afin d’identifier des formes du patrimoine culturel immatériel n’ayant jamais été présentées en France. Elle s’est rendue en Zambie pour voir la sortie de masques Gule Wamkulu et rencontrer les acteurs de ce rituel. Proclamée chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2005, cette sortie de masques a été choisie pour l’ouverture de la 13ème édition du Festival de l’Imaginaire.
Par ailleurs Florabelle Spielmann a mené une mission de prospection en Jamaïque qui a donné lieu à une programmation de Mento et permis de documenter le fonds de la Maison des Cultures du Monde sur les traditions des Marrons de Moore Town. Ces traditions ont été inscrites sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité en 2008.
Le gwoka jeté aux orties. Plongé dans le formol, sans fleurs, ni couronnes. Le gwoka immatérialisé et les guadeloupéens dépossédés. Pour certains, voilà ce que signifierait une inscription du gwoka au patrimoine culturel de l’humanité. Pour d’autres, cela participerait d’une meilleure connaissance du génie créatif et artistique guadeloupéen. Qu’en est-il vraiment ? Quels sont les véritables enjeux de la convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel qui fait tant débat ?

L’Unesco s’emploie à créer les conditions d’un dialogue entre les civilisations, les cultures et les peuples. Pour ce faire, elle met en œuvre des conventions qui, une fois ratifiées par les états, les obligent à des missions spécifiques. La convention dont il est question ici concerne le patrimoine culturel, plus exactement la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Quarante articles qui définissent cette notion de patrimoine et proposent des mesures pour sa valorisation. A ce jour 137 états ont signé cette convention parmi lesquels la majorité des états nations de la Caraïbe. Une convention qui connaît donc un certain succès.

L’appellation « patrimoine culturel immatériel » renvoie à un type bien spécifique de patrimoine culturel. Le patrimoine culturel dont il est ici question englobe notamment les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances qui procurent un sentiment d’identité et de continuité entre les générations. Il s’agit d’un patrimoine vivant, un patrimoine qui bouge et se transforme constamment.

La notion de sauvegarde est centrale dans cette convention et son acception prête à de nombreuses confusions. Loin d’une mise à mort, la notion de sauvegarde envisagée par l’Unesco relève d’un processus dynamique qui se doit d’associer étroitement les porteurs de tradition et les acteurs institutionnels dans le but de faire mieux connaître les multiples expressions de ce patrimoine, ici comme ailleurs. Impliquer les dépositaires de la tradition  dans un processus dynamique de sauvegarde exige donc de penser des politiques culturelles qui, depuis un enracinement local, rayonnent sur le global. 

Devenu un marqueur identitaire puissant, le gwoka rassemble les Guadeloupéens par-delà les clivages sociaux, politiques, ethniques ou religieux. Cependant, envisager la reconnaissance du génie créateur des hommes et des femmes qui, pour résister, d’hier à aujourd’hui, ont dansé, ont makè, ont chanté, divise fortement. Aux côtés de la mémoire des ancêtres, c’est aussi la diversité des expressions contemporaines du gwoka qui viendrait enrichir le patrimoine culturel de l’humanité.

Ce projet d’inscription aura pour le moins le mérite d’avoir ouvert un débat public qui mobilise massivement la Guadeloupe. Des inquiétudes s’expriment et nombreuses sont celles qui reflètent une appréhension erronée de la notion de sauvegarde. Le fait que le gwoka soit une tradition d’une vitalité exemplaire n’est pas en contradiction avec le fait d’envisager des projets de sauvegarde spécifique construits de manière collective. Favoriser les qualités dynamiques d’une réflexion sur les problématiques et enjeux du gwoka aujourd’hui est une démarche respectable. Ces projets de sauvegarde doivent appuyer, conforter, encourager les porteurs de tradition dans leurs projets de valorisation et de transmission. Ils se nourrissent des initiatives spontanées qui témoignent de la vitalité incontestable du gwoka, ils répondent aux besoins identifiés par les porteurs de tradition, ils font en sorte que ces besoins soient davantage pris en compte dans les actions des collectivités. En outre, l’inscription sur la liste représentative du patrimoine de l’humanité provoque mécaniquement une meilleure visibilité sur la scène internationale. Pour autant, l’effet de levier que peut générer cette inscription ne peut être amplifié localement qu’au travers de l’implication de tous les acteurs de la sauvegarde : moun a gwoka, associations culturelles, collectivités.

D’autres inquiétudes témoignent d’une méconnaissance des actions entreprises par l’Unesco. Sans doute faut-il rappeler que l’Unesco est une organisation internationale qui œuvre pour la paix par la promotion du respect mutuel des peuples du monde. La convention pour la sauvegarde de patrimoine culturel immatériel de l’Unesco vise à faire connaître et à mettre en valeur la diversité des expressions culturelles mondiales dans le but de développer une meilleure compréhension des qualités communes de l’humanité. Aussi, il ne faut pas se méprendre. L’inscription du gwoka sur la liste représentative n’est pas un dépôt des pratiques et savoir-faire spécifiques du gwoka à l’Unesco. L’inscription n’entraîne aucunement un transfert de la propriété intellectuelle du gwoka de même qu’elle ne soumet aucunement les porteurs de tradition à suivre des directives pour faire vivre et transmettre leur patrimoine. Tout cela est totalement contraire à l’esprit de la convention et à l’Unesco. 
L’inscription sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité induit la publication d’un texte de présentation générale du gwoka dans un ouvrage publié à des milliers d’exemplaires en français et en anglais et distribué dans le monde entier. L’inscription sur la liste représentative induit également la publication sur le site internet de l’Unesco d’un texte présentant le gwoka en français, en anglais et en espagnol accompagné d’un diaporama de photos et d’un document vidéo. 

La liste représentative c’est aussi la diffusion de toutes ces informations dans le réseau mondial des écoles associées de l’Unesco, dans les musées, dans les archives, dans les universités, les bibliothèques, les instituts de recherche. Ces publications et informations sont en outre des outils de travail nécessaires non seulement pour les enseignants et les chercheurs, mais aussi pour les programmateurs et les organisateurs de festival de musiques traditionnelles et de world music.

Au-delà des contresens que suscitent la notion de sauvegarde et la méconnaissance des actions entreprises par l’Unesco, une autre question émerge de ces débats. Pour certains, il est en effet difficile d’accepter que le gwoka soit inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel français. Mais la question du statut politique de la Guadeloupe ne relève ni de l’Unesco ni de sa convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. En outre, les cultures n’appartiennent pas aux états mais à celles et ceux qui les portent et les font vivre. Elles révèlent des communautés souveraines qui donnent à voir aux autres une image d’elles-mêmes. A travers ce projet d’inscription, il y a peut-être une occasion pour la Guadeloupe de se dire elle-même au reste du monde et ce, en tant que Guadeloupe. Et c’est là l’une des innovations de cette convention qui exige que ce soit les garants de la tradition eux-mêmes qui définissent leur patrimoine culturel. En cela, l’état est mis à distance à travers une distinction qui reconnaît comme relevant du patrimoine de l’humanité une expression culturelle identifiée et portée par sa communauté. Dès lors, c’est l’état qui se trouve être contraint par cette reconnaissance, au risque de se rendre coupable de crime contre l’humanité. 

Une inscription au patrimoine de l’humanité donne à voir une perception de soi-même au-delà de l’horizon. De ce fait, elle interroge la façon de se penser, de penser le monde, de se penser dans le monde. Porter le génie créatif guadeloupéen sur la scène internationale peut apporter une contribution à la connaissance de l’Homme. Aussi, l’immatériel peut être envisagé comme une invitation au partage, une convocation à la diversité, à la recherche des voies par lesquelles on participe à la construction des contours du tout-monde.

Florabelle Spielmann 
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